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Vrai ou faux ?
Nicolas Gauvrit (2014)
Les surdoués ordinaires, PUF

L'intention de la revue de littérature de Nicolas Gauvrit est explicite : proposer « une synthèse de la littérature scientifique sur les enfants et adolescents précoces qui s’adresse au plus grand nombre, tout en adoptant une point de vue rationaliste et résolument scientifique. » (p.3). Il signale que bon nombre d’idées reçues concernant les EHP ont un fondement scientifique faible, et que certaines sont même en contradiction avec les données de la recherche. Il se propose donc de démêler le vrai du faux. C’est l’intérêt majeur de ce travail. Voici un aperçu de ses principales conclusions.

  • N. Gauvrit confirme d’abord que l’intelligence (du moins celle que mesure le QI) est liée aux gènes, et qu’elle est en grande partie héréditaire. En revanche, il précise que les gènes de la précocité n’ont pas été identifiés.

  • Il indique ensuite que les EHP ont un cerveau différent des autres enfants, notamment concernant la vitesse de son développement, mais que cela ne prouve pas que le haut potentiel est le résultat de l’organisation cérébrale, parce que celle-ci peut également être modifiée par des facteurs environnementaux.

  • Il écrit que la science ne peut encore se prononcer sur une différence significative de sommeil ou de troubles attentionnels, mais qu’il semble que les EHP soient plus touchés que les autres par les troubles de l’apprentissage.

  • Il affirme que les EHP ne diffèrent pas des autres sur le plan de la dépression, mais que le haut potentiel est une cause de dépression parce qu’il peut entrainer une mise à l’écart des autres.

  • Il confirme que les EHP ont plus d’humour, notamment entre 7 et 9 ans (ils accèdent à un type d’humour auquel on n’accède habituellement que vers 12 ans), et pour des styles d’humour comme les jeux de mots ou les doubles sens, et qu’il sembleraient avoir un humour positif (qui ne dénigre pas).

  • Il confirme aussi que les EHP sont particulièrement créatifs, mais que les deux ne sont pas proportionnels : à partir d’une intelligence moyenne, une augmentation d’intelligence n’assure plus une meilleure créativité.

  • Il confirme encore que les EHP sont en avance pour le raisonnement moral, et sans doute aussi pour le sens de la justice et la sensibilité morale, mais ne peut s’avancer concernant la moralité des comportements, car la littérature n’est pas claire à ce sujet.

  • Il indique que les études ne permettent pas de conclure à une différence concernant l’intelligence émotionnelle, sans doute en partie en raison du flou de cette notion.

  • Enfin, il indique que certains traits de caractère semblent liés au haut potentiel : les EHP seraient en moyenne moins consciencieux (niveau de preuve faible), plus ouverts à la nouveauté (niveau de preuve moyen), moins anxieux (bon niveau de preuve) et plus sensibles (niveau de preuve moyen).

     

N. Gauvrit termine sur cette ouverture : « Certes, tous les enfants précoces ne souffrent pas de leur scolarité. Au contraire, la douance est le plus souvent une bénédiction. Les documents officiels sont en accord avec la science lorsqu'ils insistent sur ce point. Il reste qu'une fraction de nos zèbres souffre de difficultés affectives ou d'apprentissage, et que l'ignorer débouche sur un gâchis tant pour la société que pour les enfants concernés. »(p. 254).

PAGE DOC

Documents

  • Pour voir une conférence de Nicolas Gauvrit qui reprend plusieurs points de son ouvrage, cliquer ici.

"La mobilisation des connaissances disponibles, mais aussi le développement de recherches constitue une priorité. Nous avons besoin de mieux cerner ces enfants, les spécificités et l’origine de leurs difficultés, les possibilités de prévention ou l’effet des différents dispositifs."

(Rapport Delaubier remis au Ministre de l'Éducation nationale, janvier 2002, p. 37)

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